Oui, faire des vidéos et les diffuser ça pollue. Un peu comme tous nos gestes du quotidien d’ailleurs (se nourrir, se déplacer, se chauffer, etc. )
Le premier intérêt et donc de parler de la notion d’ordre de grandeur: par rapport à tous mes gestes du quotidien, en quoi réaliser des vidéos pollue et de quelle manière ?
Lors de mes tournages: je me déplace, j’utilise du matériel électronique, je me nourris et mes clients diffusent ensuite mes vidéos sur le net.
Faire de son mieux
Quels sont les choix qui s’offrent alors à moi pour réduire mon empreinte carbone:
Pour le déplacement: je m’organise pour prendre le train en optimisant mon matériel plutôt que la voiture ou l’avion.
Pour le matériel j’essai de privilégier un maximum la seconde main. Le matériel vidéo professionnel est de très bonne qualité et dure dans le temps. Pas besoin d’acheter neuf. (Certains réalisateur explorent même l’utilisation de matériel low tech. Sujet que je ne maitrise pas encore).
Pour la nourriture cela ne change pas entre rester chez moi ou me nourrir ailleurs, mais l’option végétarienne est toujours bienvenue (même si j’avoue qu’un petit burger poulet de temps en temps c’est cool).
Concernant la diffusion je pourrais faire le choix d’exporter mes vidéos en faible qualité afin de limiter l’impact du numérique. Mais c’est un choix que je décide de ne pas faire pour plusieurs raisons: l’idée de réduire mon impact carbone n’est pas de le faire au détriment de la qualité pour mes clients et mes projets. Car plus la qualité est bonne, plus l’émotion est transmise et donc plus le message et les valeurs impactent. Ce choix est complètement arbitraire et pourrait être débattu de longue heure. Mais il est là ou j’ai décidé de placer mon curseur.
Tout n’est pas carbone
En parlant de choix, une autre notion rentre en ligne de compte dans la pollution. Celle de l’ombre climatique.
Aujourd’hui le bilan carbone à la cote pour évaluer notre “polluabilité” dans la société. Mais la journaliste américaine Emma Patte nous rappel que tout n’est pas carbone et que des gestes davantage polluants peuvent en réalité avoir un impact socio-environnementales plus intéressant qu’un autre geste plus carboné.
La notion d’ombre climatique renvoie donc à l’impact global qu’un geste peu avoir, bien au delà du carbone.
Pour illustrer ce concept, Emma Pattee prend l’exemple de deux personnes. L’une (que l’on appellera Steve) prend souvent l’avion pour son travail alors que l’autre (Robert) se rend à son travail à pied et ne prend jamais l’avion. A première vue, il serait facile de penser que la Robert rend beaucoup plus service à la transition que la Steve. Sauf que l’on apprend aprés que Steve est en fait climatologue, et prend souvent l’avion pour donner des conférences et alerter sur les sujets d’énergie et climat. Alors que Robert est responsable marketing pour un grand groupe pétrolier. Le fait de prendre l’avion pour Steve et le bilan carbone qui y est associés devient alors “légitimé” par l’impact social que cela peut avoir.
Réduire son impact carbone est donc très intéressant mais certaines alternatives plus carbonée peuvent parfois avoir un impact global plus intéressant dans la transition énergétique. Tout est une question d’arbitrage et d’intégrité.
Malgré l’impact du numérique sur le changement climatique, j’ai décidé avec Holocène d’utiliser l’image pour véhiculer des idées et des valeurs qui j’espère pourront avoir un impact et générer des prises de conscience. Cela, tout en essayant quand même de réduire mon impact à chaque tournage.
Source: https://bonpote.com/lombre-climatique-le-bon-et-le-mauvais-carbone/